Déconfinement : des gorges du Verdon à la Sainte-Victoire, cinq merveilles de Provence à (re)découvrir

Le printemps explose, la nature se renouvelle. Oui, mais il le faut encore : #restezchezvous !! Alors dans notre région de Provence qui regorge de merveilles, de paysages variés, d’odeurs et de couleurs, voici une sélection de lieux que vous serez sûrement heureux de (re)découvrir.

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Comment faire le tri ? Dans la rédaction, le débat a animé, partagé… Quels lieux faut-il proposer, pour s'évader un peu en cette période de confinement ?

Où virtuellement se perdre entre les couleurs des gorges du Verdon, les senteurs des champs de lavande du plateau de Valensole ? Ou faut-il s'échapper vers l'île de Porquerolles, monter au lac miroir du Queyras, embrasser le panorama de la Sainte-Victoire ?

Impossible de trancher, voici les premiers d'une liste qui pourrait s’allonger… de vos coups de cœurs et contributions variées

Les champs de lavande du plateau de Valensole

Est-ce en raison de ses vertus calmantes et relaxantes reconnues, de son parfum unique qui concentre, puis métamorphose en une explosion miniature et violette le soleil et le vent des plateaux de Provence ?

La lavande en ces temps de confinement, c’est une promesse, la quintessence de ce à quoi nous pouvons aspirer, inspirer, RES-PI-RER !  C’est notre choix numéro 1, notre premier choix.

Imaginez ces étendues colorées sous un ciel bleu azur, le souffle de l’air et les rayons du soleil sur la peau. Allez, on vous emmène sur le plateau de Valensole.

Pour s’y rendre, il faut prendre un peu d’altitude. 500 mètres au dessus du niveau de la mer, entre Luberon, Durance et Verdon, au Sud des Alpes-de-Haute-Provence.

Là, entre mi-juin et mi-juillet, des champs aux tons d’un violet éclatant s’étendent sur des centaines d’hectares. Pour peu que l’on y reste trop, il peut arriver de sentir sa tête tourner, sous l’effet d’une légère ivresse par excès de fragrance.
Depuis une dizaine d’année, conquis par la grâce de ce paysage rendu célèbre par une série télévisée très populaire en Chine, de nombreux touristes asiatiques ont placé Valensole et ses lavandes dans la liste de leurs destinations incontournables.

Au début de l’été qui arrive, cette fois, les couples en tenue de mariage qu’on avait pris l’habitude de voir aux abords des champs violets n’auront sans doute pas la possibilité de rejoindre l’Europe,  en raison des mesures de restriction liées à l’épidémie.

Alors si nous, tout justes déconfinés, avons la chance de pouvoir circuler jusque là, les étendues de lavande pourraient nous offrir bien plus qu’un décor de rêve : la saveur unique de notre liberté, retrouvée !!
Le saviez-vous ? Probablement implantée par les Phocéens, tout comme la vigne et l’olivier, la lavande a gagné le cœur de la Provence depuis plus de 2500 ans.

Une longue histoire durant laquelle les hommes ont attribué à la lavande des pouvoirs qui vont bien au delà de son parfum puissant.

La plante a été utilisée contre les morsures des animaux venimeux, et même comme désinfectant : durant les périodes de peste, on brûlait son essence dans les maisons, et on déposait des bouquets sur le sol des maisons.

La Sainte-Victoire (à chacun sa victoire)

Quand on arrive en train, gare TGV d’Aix-en-Provence, si on lève les yeux vers le Nord-Est en traversant la passerelle au dessus des voies, on la voit. On ne voit qu’elle !

N’est-elle pas un peu prétentieuse, cette Victoire-là, drapée de Sainteté et même couronnée d’un succès international, dans les musées du monde entier, grâce à son agent, son impresario, Paul Cézanne ? Le peintre avait fait d’elle, tout à la fois sa muse, et sa star.

Alors, a-t-elle, vraiment, besoin de nos honneurs de futurs déconfinés ? Elle en a tant reçus déjà. Et si nous regardions les choses autrement : et si la Sainte-Victoire, c’était la nôtre ?

En ce moment, elle nous est inaccessible. Par décret. Interdiction de rejoindre ses massifs.

Mais quand nous cheminerons de nouveau sur ses nombreux sentiers bordés de pins, les mollets griffés par les pousses de chênes Kermès et les épines de garrigue, elle sera là, notre victoire !
La Victoire de l’Ouest, passant par le barrage de l’ingénieur Zola, le père de l’auteur Emile, sur le lac aux eaux bleues de Bimont.

La Victoire par l’Est à grimper vaillamment jusqu’au Pic des Mouches, reprendre son souffle jusqu’à découvrir le panorama… époustouflant ! Puis respirer, vraiment.

Et les autres, il y en a tant, la Victoire du col des Portes, du refuge Baudino, de la grotte aux hirondelles, du gouffre de Garagaï. Et celle bien sûr, de la Croix de Provence.

Elle ne se regarde et ne se gagne jamais deux fois de la même façon. Cézanne l’avait bien vu. A chacun sa Victoire !
Le saviez-vous ? En léger contrebas de la Croix de Provence, versant nord, le Prieuré porterait l’histoire du nom de la montagne "Sainte-Victoire", autrefois appelée Sainte Venture. 

Il apparaît pour la première fois le 2 octobre 1657 dans un acte notarié qui lance la construction de la chapelle "Notre Dame de la Victoire".

L’aixois Honoré Lambert voulait remercier la Vierge Marie de l’avoir guéri… d’une grave maladie.

Le lac miroir, de cascades en pont suspendu

Les Alpes, encore enneigées quand nous nous sommes confinés, ont retrouvé leurs prairies verdoyantes, et cet air frais, pur, entre cimes et torrents.

Les Alpes, Hautes, maritimes, de Provence, les Ecrins, le Champsaur, le Mercantour ou le Queyras. Leurs crêtes fulgurantes et leurs passages de cols ouvrant vers les vallées, de loin en loin.

Alors que, #restéscheznous, le temps s’est suspendu, là-haut il se prolonge. Et l’espace, réduit aux frontières de nos murs ou de nos clôtures, ne cesse là-bas de s’ouvrir, découvrant descentes après montées après descentes, dans un étirement infini, la multiplication des explorations possibles.

Les Alpes modifient l’espace et le temps. Tout s’inverse. La preuve ? Le lac miroir. Queyras, sur la commune de Ceillac.Pour s'y rendre, choisir une belle journée par temps calme. A pied au départ des remontées mécaniques fermées, longer les cascades, franchir un pont suspendu au dessus du torrent, entouré de mélèzes, puis suivre les balises blanches, roses, rouges, mauves et jaunes des fleurs de montagne.

Dans les prairies, grimper, prendre de l’altitude. 2.215 mètres, vous y êtes.
Le voilà, niché comme tant de trésors alpins dans les contreforts d’altitude. Le lac miroir. L’accoster et à son bord, attendre que le vent retienne son souffle. Le calme plat.

Dans un éclat de lumière, recto-verso des montagnes, prendre alors la mesure de la terre, du ciel et de l’effet de l’eau. Tout devient limpide.

Vous voici comme Alice, passé de l’autre côté du miroir. Complètement déconfiné.

L’île de Porquerolles, une parenthèse déconfinée

Prendre le large ! Au départ du port de Toulon, ou de la Tour Fondue, à l’extrémité de la presqu’ïle de Giens. Embarquer, partir, revoir et sentir la mer, celle des navigateurs, des pêcheurs et des marins, celle de ceux qui traversent.

Son bleu foncé de Méditerranée profonde, cisaillé de vaguelettes en surface. Rejoindre l’île du côté Nord, son port, de plaisance et du plaisir de débarquer, là.

Poser un pied déjà c’est poser tout. Le reste, l’ailleurs n’existe plus. Porquerolles. Nous y sommes !!
Elle aura gagné sans doute en beauté sauvage avec cette parenthèse confinée. Qui sait ?

Pour en avoir le cœur net, on voudra tout voir, prendre un vélo, et partir à l’Ouest, sur les chemins de terre bordés de pins, la plage d’argent, sentir la chaleur du sable blanc grisé sous nos pieds, glisser dans l’eau turquoise et transparente, peu profonde, et se laisser sécher au soleil, adossé à un morceau de bois flotté.

Pédaler encore, vers la plage plus lointaine du Langoustier qu’on a souvent la flemme d’aller saluer.

Puis se diriger vers le Sud, plus âpre et tourné vers les flots, falaise et horizon lointain, calanque de l’indienne. Embrasser le large du regard, iodé.

Traverser les vignobles et les oliveraies, repartir vers l’Est, la légende du fort de l’Alycastre et sa bête féroce. Descendre dans les criques et plonger.

Porquerolles c’est une promesse, un appétit de liberté.
Le saviez-vous ? Pour un premier retour sur l’île, plus tranquille, moins affamé de sensations, on pourra aussi, tout simplement, rejoindre la place d’Armes.

Respirer le parfum des eucalyptus, s’assoir sur la bordure de pierre, saluer les boulistes et franchir pour la première fois l’entrée de l’église Sainte-Annepour y découvrir les gravures au couteau de Joseph Wargnier.

Le soldat convalescent et reconnaissant avait été soigné au refuge sanitaire de Porquerolles, il y a 150 ans.

Les gorges du Verdon, quittez le nid

C’est une coupure profonde dans la roche, une cicatrice gigantesque.

Sur une trentaine de kilomètres, une blessure creusée par les eaux, dans un relief de Provence déjà bousculé par la colère des séismes alpins.

Les gorges du Verdon donnent forme au vertige. Après ces semaines en espace miniature, prenons notre courage à deux mains. Allez, c’est le moment de quitter le nid !
D’abord, défier l’oppression du confiné : rendez-vous tout au fond, sur un canoé porté par le Verdon, cerné de parois grises plus hautes que des murs de cathédrale, sur des centaines et des centaines de mètres. Lever les yeux. Savourer tout au bout de l’infini rocheux ce trait bleu d’ouverture céleste.

Toujours à la rame, aller plus loin. Téméraire et frondeur, défier le Styx, ses courbes et ses pointes, ce canyon dans le canyon, du même nom que le fleuve menant aux Enfers dans la mythologie grecque. Eblouissant. Ouf, le cap est passé.

On remonte un peu, de quelques étages. C’est le parcours du cœur des gorges, celui de la roche et de la terre. A mi-chemin entre profondeur et sommet, prendre le célèbre sentier Martel, le sentier Vidal plus raide et suspendu, ou celui si sauvage de l’Imbut.

Enfin nous voilà plus haut, tout là-haut.
Sur la corniche sublime, traversant le Pont de l’Artuby,  sur les balcons de la Mescla, rois de tous les balcons, avançant de belvédère en belvédère.

Celui, inattendu et à pic, de Trescaïre, celui de la dent d’Aïre et ses vautours volant en contrebas, celui du col d’Illoire suspendu au dessus du vide. Et tant d’autres.

Du fond de ses eaux émeraudes jusqu’au bord de ses précipices les gorges du Verdon racontent la mer et les coquillages du Jurassique, les torrents glaciaires.

Les ravages et les merveilles du temps. Les accidents et les sillons qu’il creuse de beauté. La patience, l’effort et le vertige. Une aventure initiatique post-confinement.

Voilà pour ces cinq choix de destination de déconfinement. Il viendra, n'en doutez pas. Ces merveilles de Provence et tant d'autres seront là, pour nous permettre d'insuffler un nouvel élan à notre vie de déconfiné... 
 
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